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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 15:02

Mija est une belle femme de 66 ans, elle en avoue 65 par coquetterie. Car elle est très coquette, c’est la première chose que l’on remarque. Elles doivent être rares dans une province de Corée du sud, au 21ème siècle, les femmes qui sortent en chapeau. On soupçonne que cette femme était d’une grande beauté dans sa jeunesse, avec un faux air de Marie-José Nat.

Lors d’une visite à l’hopital -elle a des pertes de mémoire- elle croise une femme qui est folle de douleur suite au suicide de sa fille de 15 ans.

Mija habite un petit appartement dans une ville de province. Elle y vit seule avec son petit-fils, un ado fermé qui rejoint  une bande de garçons de son age dès qu’il le peut. On ne sait rien du père du garçon ni du mari de Wang. Ils ont disparu des radars et personne ne les évoque. La fille de Mija travaille loin de la ville de sa mère, on comprend vite qu’elle ne contribue pas à l’éducation de son fils.

Afin de gagner sa vie, Mija s’occupe d’un vieux monsieur qui est paralysé, suite à un accident cérébral.

Un jour, Mija s’inscrit à un cours de poésie. Le professeur essaye de desinhiber un panel d’adultes qui voudraient ecrire des poemes. Tout au long du film on verra Mija, persuadée qu’elle ne pourra jamais y parvenir, essayer de percer le secret de la poesie.

Le père d’un des amis de son petit-fils lui donne rendez-vous. La bande de garçons a violé une collégienne pendant six mois. Il s’agit de la jeune fille dont Mija a croisé le cadavre en allant à l’hopital. Cette jeune fille, YI s’est jetée dans le fleuve qui traverse la ville. Le fleuve est le fil rouge du récit.

Les pères des cinq copains de son petit-fils ne voient qu’une solution à ce problème ; ils doivent donner une forte somme à la mère de Yi qui l’élevait seule et qui est agricultrice, deux preuves de sa pauvreté et donc de son insignifiance aux yeux de ces quadras qui ont réussi.

 Mija a du mal à supporter ces discussions, elle sort à chaque fois, mal à l’aise. A aucun moment le sort de cette jeune fille qui a préféré se donner la mort, n’est évoqué.

Mija va réussir à mettre ses affaires en ordre avant de choisir, on l’imagine, elle aussi le suicide. La façon dont cette femme effacée va s’y prendre pour trouver de l’argent, écrire son poeme, remplir sa responsabilité d’éducatrice envers son petit-fils, force l’admiration. Toutes ces actions sont accomplies avec un calme apparent.

Ce qui est intéressant dans les films, c’est lorsque l’on a pu entrer dans la construction mentale d’un être. Celui-ci ne vous lache plus. Je ne sais pas pourquoi cete histoire m’a fait penser à Borgès. Peut-être à cause du récit du condamné à mort qui obtient un sursis, le temps d’écrire par la pensée son roman.

A Cannes ce film n’a laissé personne indifférent. Qu’aurions-nous fait à la place de cette femme ? Quelle est la part de responsabilité des femmes dans la « construction » des hommes ? Terrible interrogation n’est-il pas ?

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