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22 février 2014 6 22 /02 /février /2014 09:24

 


 

 

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13 septembre 2010 1 13 /09 /septembre /2010 09:46

 

je ne sais pas pourquoi cette projection m’a causé un tel malaise

J’avais évité de voir ce film à Cannes par manque d’intérêt pour l’histoire.

C’est comme Titanic à sa sortie, j’ai horreur des films dont je connais la fin. Je finis toujours par y aller en bougonnant. J'ai vu "des dieux et des hommes" et je n'ai pas aimé.

La salle est pleine. Nous sommes dans un petit village de Dordogne. La salle est pleine !. Comme un apéritif a précédé la projection, on a eu le temps de papoter un peu. Apparemment les gens viennent de loin. Yssigeac, Bergerac, d’autres villages aux confins de la Dordogne. Il y a aussi un Monseigneur que l’on s’empresse d’approvisionner en nourritures terrestres. Il est évêque de Périgueux et Sarlat car il cumule. Tiens ! je ne savais pas que les gens d’église s’intéressaient au cinéma.

Lambert Wilson est là lui aussi : veste en toile noire, baskets blanches. Pas de doute il soigne son look « jeuneetdécontracté ». Entre un verre de bergerac et un toast, tout le monde s’accorde à trouver qu’il est très sympa d’être venu présenter son film en avant-première. Sous entendu dans une petite salle perdue dans un village inconnu des cinéphiles parisiens.

Il a l’air un peu gêné d’être là, ce qui fait que je n’ose pas l’interpeller ni lui poser la question de ma voisine. Françoise voudrait savoir pourquoi on ne le voit jamais avec une dame... Ma voisine est très people, je n’y peux rien.

Nous sommes là pour voir « des hommes et des dieux » Ce n’est pas n’importe quel film. Grand prix à Cannes il a raflé de surcroît le prix de l’Éducation Nationale ainsi que le prix oecuménique.

Petite parenthèse j’aurais donné sans hésiter le prix de l’Éducation à la Princesse de Montpensier mais personne ne m’a consultée. Dommage.

Sans surprise l’organisateur cite les personnalités présentes : l’évêque croisé plus haut + le curé de Bergerac que tout le monde a l’air de reconnaître, sans oublier Lambert Wilson.

Le film me plonge assez vite dans un certain trouble. Je suis gênée par le sujet. Qu’est-ce qu’on voit : un groupe de moines qui vivent leur vie de moines : ils font pousser des légumes, prient, vendent du miel, chantent, soignent les villageois, récitent des psaumes. Nous sommes à la fin du siècle dernier en Algérie. Tiens, Le film a été tourné au Maroc mais la maison des moines parait conforme à l’original situé à "Tiberine" dans les montagnes de l’Atlas algérien. Un monastère assez ancien pour dater d’avant l’indépendance. Il s’agit donc d’une communauté qui a fait le choix de rester quand la France a quitté le pays. C'est un choix qui n’est pas évoqué dans le film. Certains, parmi ces moines, dans leurs vies antérieures, ont participé à la guerre de la France en Algérie. Le personnage joué par Wilson en fait partie. Cette réalité historique n'est pas abordée. Dommage!

Tout au plus le réalisateur souligne-t-il l’excellente intégration de ces hommes dans la vie des villageois. On prend soin de nous montrer qu’ils participent à une fête familiale! Ils font partie de la famille!

Je connais l’Algérie contemporaine. Je ne crois pas une seconde à cette immersion dans la société des villageois. Ce que j’ai observé en Algérie me fait penser que des jeunes filles, comme on le voit dans le film, ne peuvent pas parler aussi librement avec des hommes, même vieux, même religieux, même en robes de moines. Elles n'auraient pas d'ailleurs le droit de se faire soigner par un homme. (voir "Le médecin d'en bas" sur mon blog)

Qui peut croire qu’une jeune fille aurait le droit de parler avec un étranger, de surcroit de l’amour ? Lonsdale fournit là le plus beau dialogue du film en improvisant. Quand le jeune fille répond que son père ne lui laissera pas choisir son mari, le moine rentre aussitôt dans sa coquille. On ne va pas contre la volonté d’un père en terre musulmane. « Dommage » que je me suis dit. ces pauvres filles sont engluées dans la soumission et la culpabilité, mais pas question de les aider !

Des dieux oui, des hommes non !

Il est vrai que les algériens gardent en mémoire le travail d’éducation des Pères Blancs, des ersatz de jésuites je crois. Dans la cadre d’une colonie françaises ces prêtres avaient les premiers introduit et imposé l’apprentissage de l’arabe.

Au fait ! Pourquoi ne parlent-ils pas l’arabe ces moines qui évoquent leur amour de l’Algérie avec tant de lyrisme ? Comme ils sont dans la montagne la langue devrait d'ailleurs être le kabyle. Apparemment ils ne parlent ni l'un ni l'autre. Bel exemple d'intégration après des années de séjour! Il est vrai qu’ils ont lu le Coran. Seules les questions religieuses les intéresseraient-ils ?

Des dieux oui, des hommes non !

L’histoire se déroule avec l’irruption des terroristes qui massacrent quelques étrangers et autochtones pour des raisons qui resteront obscures.

Les moines discutent la question de savoir s’ils doivent rester ou partir. Ils seront pris, décapités et leurs assassins resteront inconnus : policiers d’état ou terroristes, le film ne tranche pas si j’ose dire. Lambert Wilson semble avoir vécu ce tournage de façon mystique. Pour lui la scène clé est le moment où son personnage prie pour un terroriste mort.

Sur scène l'acteur parait encore au bord des larmes.

La parole est à la salle. S’ensuit une question sur le pardon qui me parait incongue. La salle est à l’unisson du film. Toutes les questions tournent autour de la foi chrétienne. Je suis écrasée.

Je me sens ultra minoritaire dans mon refus de m’inscrire dans un contexte de foi.

Je précise que voir des hommes s’embrasser me gêne. Le producteur du film a du penser la même chose quand il a présenté le film à Cannes. Une brochette d’hommes en costumes sombres et seule tache de couleur la jeune marocaine du film. C’est un rôle très secondaire mais elle arbore une grande robe de star rose pétant. Les photographes présents ont réclamé un bizou. A la surprise générale Lambert Wilson a embrassé la jeune fille sur la bouche. Elle a été la première étonnée et j’imagine qu’elle a du avoir quelques problèmes avec sa famille de retour au pays. Cela ne suffit d'ailleurs pas à répondre à l’interrogation de ma voisine sur les moeurs du sieur Lambert.

La scène la plus détestable selon moi est celle du dernier repas. On a droit aux très gros plans des moines avec Tchaïkovski à fond les manettes.La Cène, nouvelle version. Quelle grandiloquence ! Ma parole il ne recule devant rien ce réalisateur !

Suis-je la seule à ne pas aimer ce film ? je vois les files de spectateurs s’allonger. De quel droit je refuserais aux Chrétiens de se congratuler autour des valeurs retrouvées ?

Les Chrétiens je comprends, ils aiment les martyres. Mais les autres ?

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 17:21

 

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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 15:02

Mija est une belle femme de 66 ans, elle en avoue 65 par coquetterie. Car elle est très coquette, c’est la première chose que l’on remarque. Elles doivent être rares dans une province de Corée du sud, au 21ème siècle, les femmes qui sortent en chapeau. On soupçonne que cette femme était d’une grande beauté dans sa jeunesse, avec un faux air de Marie-José Nat.

Lors d’une visite à l’hopital -elle a des pertes de mémoire- elle croise une femme qui est folle de douleur suite au suicide de sa fille de 15 ans.

Mija habite un petit appartement dans une ville de province. Elle y vit seule avec son petit-fils, un ado fermé qui rejoint  une bande de garçons de son age dès qu’il le peut. On ne sait rien du père du garçon ni du mari de Wang. Ils ont disparu des radars et personne ne les évoque. La fille de Mija travaille loin de la ville de sa mère, on comprend vite qu’elle ne contribue pas à l’éducation de son fils.

Afin de gagner sa vie, Mija s’occupe d’un vieux monsieur qui est paralysé, suite à un accident cérébral.

Un jour, Mija s’inscrit à un cours de poésie. Le professeur essaye de desinhiber un panel d’adultes qui voudraient ecrire des poemes. Tout au long du film on verra Mija, persuadée qu’elle ne pourra jamais y parvenir, essayer de percer le secret de la poesie.

Le père d’un des amis de son petit-fils lui donne rendez-vous. La bande de garçons a violé une collégienne pendant six mois. Il s’agit de la jeune fille dont Mija a croisé le cadavre en allant à l’hopital. Cette jeune fille, YI s’est jetée dans le fleuve qui traverse la ville. Le fleuve est le fil rouge du récit.

Les pères des cinq copains de son petit-fils ne voient qu’une solution à ce problème ; ils doivent donner une forte somme à la mère de Yi qui l’élevait seule et qui est agricultrice, deux preuves de sa pauvreté et donc de son insignifiance aux yeux de ces quadras qui ont réussi.

 Mija a du mal à supporter ces discussions, elle sort à chaque fois, mal à l’aise. A aucun moment le sort de cette jeune fille qui a préféré se donner la mort, n’est évoqué.

Mija va réussir à mettre ses affaires en ordre avant de choisir, on l’imagine, elle aussi le suicide. La façon dont cette femme effacée va s’y prendre pour trouver de l’argent, écrire son poeme, remplir sa responsabilité d’éducatrice envers son petit-fils, force l’admiration. Toutes ces actions sont accomplies avec un calme apparent.

Ce qui est intéressant dans les films, c’est lorsque l’on a pu entrer dans la construction mentale d’un être. Celui-ci ne vous lache plus. Je ne sais pas pourquoi cete histoire m’a fait penser à Borgès. Peut-être à cause du récit du condamné à mort qui obtient un sursis, le temps d’écrire par la pensée son roman.

A Cannes ce film n’a laissé personne indifférent. Qu’aurions-nous fait à la place de cette femme ? Quelle est la part de responsabilité des femmes dans la « construction » des hommes ? Terrible interrogation n’est-il pas ?

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