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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 19:41

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Les musées sont gratuits 2 jours en février. Ça commence par ce dimanche 1er février, c’est l’occasion de s’apercevoir qu’il y a beaucoup de touristes et de personnes s’intéressant à l’art. Nous visions les Offices à 8h30 mais la queue impressionnante nous a fait choisir le Palazzo vecchio où il n’y avait personne. Saluons au passage les travailleurs des musées qui ont choisi ce jour pour faire grève, limitant les visites de certains musées.

La chance a voulu que nous puissions participer à la visite des passages secrets de ce vénérable palais. qui a gagné son nom de « vieux » dès l’instant où les Médicis l’ont abandonné pour le Palais Pitti. Ces endroits cachés qui échappent au flot des touristes, étaient le domaine du fils de Cosme 1er, Francesco 1er qui avait des penchants pour l’alchimie plus que pour le pouvoir guerrier, au désespoir de son père. Francesco est lui-même le père de Marie de Médicis, consacrée reine de France la veille de l’assassinat de son époux Henri IV.

Quel plaisir d’entrer ainsi dans l’épaisseur des murailles de monter des escaliers étroits et d’aboutir dans des pièces entièrement tapissées de décors qui sont autant de portes sur des placards ou d’autres couloirs!

13 heures, après un délicieux repas (lièvre à la polenta) nous avons retenté notre chance aux Offices où la queue ne dépassait pas le quart d’heure. Quand on pense à la quantité de gens que le musée avait ingurgité depuis le matin, ça donne vraiment le vertige. Bien sûr on avait notre programme (les Bronzino, les Caravage et quelques autres chouchous) Mais c’est sans compter sans la formidable attraction des salles des offices qui nous entraînent malgré nous, de salles en salles à la découverte de ces trésors accumulés.

L’autre jour de gratuité est le 18 février commémorant la bienfaitrice de Florence.

Anne-Marie Louise de Médicis, dernière survivante de la Maison, légua ses immenses collections à la ville de Florence, sous deux conditions : que les trésors restent tous dans la ville, et que ses musées soient ouverts au public.

Ce qui frappe en Toscane c’est la profusion. Par exemple un voyage à Pise nous a étonné par la richesse des monuments, tous groupés sur la place des miracles. À part la tour penchée qui a fait la gloire de la ville on trouve une cathédrale de toute beauté, un baptistère et un grand cimetière, sans parler de nombreux palais. Chacun de ces monuments ferait le bonheur d’une ville de taille moyenne.

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 Nous en profitons pour visiter l’expo sur Modigliani, natif de Livourne, expo que nous avons ratée à Paris. Pour Pise, il faut choisir un hôtel le plus proche des monuments. De notre chambre d’hôtel de la villa Kinzica, pas luxueux mais correct, en nous penchant, nous pouvions avoir l’impression que la tour se penchait aussi pour nous saluer. Notons la découverte d’une cantine où nous avons très bien déjeuné 41 rue San Martino.

Petit conseil pour jeter un oeil à la cathédrale dès 9 h, ne pas hésiter à participer à une petite messe dans une des chapelles. Un très vieux curé arrivant à grand peine à mettre un pied devant l’autre est parvenu jusqu’à l’autel en bénissant notre petit groupe de 7 fidèles. On a eu droit à un court sermon où le curé n’a pas pu s’empêcher de parler politique. Les Italiens se passionnent pour l’élection du Président de la république qui parait-il n’a aucun pouvoir. Ça les occupe bien une semaine entière et au final, chacun ayant montré ses forces, c’est le plus insignifiant qui gagne. Je veux dire celui qui avait le moins de voix au départ. Je ne suis pas sure d’avoir tout compris.

 

Mention spéciale pour un court séjour à Viareggio afin de  constater que la mer est bien là à une grosse heure de train de Florence. Petit bémol, le premier train de Florence à Pise que nous avions choisi et qui était plein comme un oeuf, a refusé de partir à l’heure prévue. Au bout d’une demi-heure d’attente, les voyageurs ont commencé à s’agiter et à quitter le train sans qu’aucune info officielle ne soit communiquée. D’ailleurs c’est simple, nous n’avons jamais voyagé en Italie sans rencontrer à un moment ou un autre un problème de train. Tout est rentré dans l’ordre après un changement, en suivant le troupeau de touristes japonais qui doivent avoir un GPS greffé quelque part pour leur permettre de se tirer tous ensemble de toutes les situations.

Quant à la vie quotidienne à Florence, nous avons institué quelques routines. Par exemple nous n’achetons notre pain qu’au Marché Central. Dans les boulangeries, on vend un pain non-salé. On peut demander un pain « salato », mais on se retrouve alors avec un pain très dense et blanc, genre étouffe Chrétiens. On reconnaît aussi les vrais Florentins au fait d’aller remplir leur bouteille d’eau « frizante » à un distributeur situé à la sortie de Palazzo vecchio. Pratique car l’eau du robinet est imbuvable.

Autre rendez-vous : l’institut culturel français où on trouve une bibliothèque, des gens charmants et des DVD. Le tout dans un palais renaissance au bord de l’Arno.

Même en janvier, on peut assister à une procession genre défilé. Les représentants des quartiers de Florence sortent en costumes bariolés médiévaux et promènent leurs musiques et drapeaux dans la ville. L’occasion est souvent mince. Ce jour là, le  26 janvier, on fêtait un miracle de San Zanobi. Figurez vous que le cercueil de ce premier évêque florentin avait redonné vie à un orme mort juste en l’effleurant. Une colonne sur le côté Nord du Baptistère célèbre cet événement  cosmique qui continue à être fêté, l’occasion de crier « viva Firenze » de faire la joie des touristes avant d’aller remiser les costumes un peu défraîchis  jusqu’à la prochaine sortie, je me demande bien à quelle occasion.

Ma place préférée est Santa Croce. À toutes heures elle frappe par sa beauté. On peut aussi visiter la superbe basilique qui la borde et qui sert de panthéon à une floppée de Florentins célèbres comme Michel-Ange, Dante, Machiavel, Rossini, Galilée, Vasari (mon chouchou) entre autres. Santa Croce est devenue l’église de l’unité italienne au temps de Florence-capitale. Bon c’est vrai que cette gloire n’a duré que 5 ans mais les enfants de la ville ont vraiment payé de leur personne pour le rayonnement de l’Italie. J’ai l’impression que Venise n’a jamais roulé que pour elle-même et que Rome a le curseur sur son formidable passé impérial. C’est le toscan qui a servi de matrice à l’italien moderne, merci à Dante, bien  avant que l’unité du pays ne soit consacrée.

En observant le blason des Médicis, présent sur presque tous les monuments on est frappé de trouver des fleurs de lys sur une des 6 boules. On pense aussitôt à Catherine et à Marie qui auraient apporté à leur famille cet emblème de la monarchie française. Que nenni, il semble que cet ajout soit plus ancien. Louis XI aurait autorisé les Médicis à arborer les lys de France. La preuve : « Nous, Louis, par la Grâce de Dieu, Roi de France, accordons par le présent acte à Pierre de Médicis et à ses héritiers et à ses successeurs nés et à naître de légitime mariage qu'il puisse, à présent, dans l'avenir et pour toujours avoir et porter sur leur blason trois fleurs de lys. »— Louis, roi de France, 1465

 

Lundi 2 février, nous profitons de l’ouverture exceptionnelle du cloitre de Santa Maria Novella, la grande basilique dominicaine installée juste devant la gare de Florence, tout en lui tournant le dos. La façade majestueuse en marbre blanc est orientée vers la ville. Encore une visite merveilleuse avec une guide locale. Le grand cloître n’y est visible que quelques jours par an car une école de gendarmerie est installée dans les lieux (sans doute faute de candidats à la vie monacale ?) Du coup, on nous fouille à l’entrée et je peux vérifier que mon téléphone portable sonne bien sous les portiques, même militaires. Une profusion de fresques comme d’hab, mais deux choses sont remarquables dans cette église : deux crucifix qui font évoluer l’art religieux. Celui de Giotto, immense,  semble flotter sur la foule des Chrétiens en montrant la mort d’un être humain de chair et d’os. L’autre est plus discret dans une chapelle. Tout en bois, il est le fruit de la réflexion de Brunelleschi, le génial inventeur du Duomo de Florence. Discret mais parfait de l’avis de tous les critiques d’art, il serait une réponse au christ de Donatello, celui de Santa Croce, jugé trop trivial. Pour tout dire je trouve celui de Brunelleschi  banal, mais je dois commencer à être blasée. De toute façon j’ai un faible pour Donatello et je trouve que Brunelleschi devrait se contenter d’inventer des coupoles.

 

En sortant on achète un parfum à la pharmacie médiévale qui dépend de la basilique. L’entrée est rue de la scala, ça sent très bon, le décor est précieux, comme disent les Espagnols et c’est bourré de japonais y compris parmi les vendeuses. L’eau de parfum choisi coûte 65 euros mais l’emballage est magnifique. Je me demande si les derniers moines —au nombre de sept— encore en actvité à SMN, fabriquent encore ces parfums En tous ca nous n'en avons croisé aucun…

 

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